Chargé par le roi Charles III de former un gouvernement, le conservateur Rishi Sunak a averti mardi le Royaume-Uni des « décisions difficiles » qui s’annoncent tout en s’attachant à adresser un message « d’espoir » à un pays plongé dans une grave crise économique et sociale.
Signe du niveau d’instabilité et des coups de théâtre qui se succèdent, l’ex-banquier et ministre des Finances devient le troisième Premier ministre en deux mois et le cinquième en six ans, cinq jours seulement après l’annonce de la démission de Liz Truss, restée 49 jours à Downing Street en raison de la tempête provoquée par son programme économique.
Rishi Sunak est le premier Premier ministre britannique d’origine indienneet de confession hindoue. A 42 ans, il est aussi le plus jeune chef de gouvernement de l’histoire contemporaine du Royaume-Uni, après une ascension fulgurante en politique.
« J’unirai notre pays non avec des mots, mais des actes », a-t-il assuré, promettant de « réparer » les « erreurs » commises sous Liz Truss. « Je placerai stabilité économique et confiance au coeur de l’agenda de ce gouvernement ».
Dans un discours à la tonalité grave, il a expliqué qu’il n’était « pas intimidé » par l’ampleur de la tâche et a réitéré le soutien britannique envers l’Ukraine dans la « guerre terrible » livrée par Moscou, qui doit se « terminer par un succès » pour Kiev.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky s’est dit prêt à « continuer à renforcer » les liens entre l’Ukraine et le Royaume-Uni.
Le président français Emmanuel Macron a quant à lui fait part de sa volonté de continuer ensemble « d’oeuvrer pour faire face aux défis du moment, dont la guerre en Ukraine et ses multiples conséquences pour l’Europe et pour le monde ».
« Jour historique »
Rishi Sunak s’est également dit « conscient » du travail à effectuer pour « rétablir la confiance », allusion aux scandales sous Boris Johnson auquel il a exprimé sa « gratitude », dans son premier discours devant la célèbre porte laquée noire frappée du N°10.
Ce dernier lui a adressé ses « félicitations » en « ce jour historique ».
Contrainte à partir après la tempête provoquée par son plan massif de baisses d’impôts, Liz Truss, avait précédé Rishi Sunak au palais de Buckingham pour présenter au roi sa démission, après un mandat d’une brièveté record.
Elle a souhaité « tous les succès » possibles à son successeur, « pour le bien de notre pays », se lançant dans un plaidoyer pour l’audace au pouvoir.
Missionné par le roi Charles III, Rishi Sunak va à présent s’atteler à former un nouveau gouvernement.
Le nouveau Premier ministre prend les rênes d’un pays confronté à une grave crise économique et sociale. L’inflation dépasse les 10%. Le risque d’une récession plane. Les grèves se multiplient face à la chute du pouvoir d’achat.
Il lui faudra aussi calmer les marchés, ébranlés par les annonces budgétaires du gouvernement Truss fin septembre, annulées depuis pour l’essentiel en catastrophe.
Brexiter
Rishi Sunak prend la tête d’un parti conservateur extrêmement divisé, après douze ans au pouvoir. Alors que l’opposition travailliste caracole en tête dans les sondages à deux ans des élections législatives, il a prévenu les députés de son camp qu’ils devaient « s’unir ou mourir ».
Il a exclu des élections anticipées, réclamées par le Labour. Mais, selon un sondage Ipsos publié lundi, 62% des électeurs souhaitent un tel scrutin avant la fin 2022.
Brexiter de la première heure, qui passe pour un travailleur pragmatique, Rishi Sunak devra avec son gouvernement à la fois donner des gages aux marchés et satisfaire les clans de sa majorité, au risque de subir le même sort que Liz Truss. Il devra aussi détailler ses projets, après s’être imposé sans programme ni vote des adhérents.
Pendant la précédente campagne, l’été dernier, au cours de laquelle il avait été battu par Liz Truss, cet ancien chancelier de l’Echiquier (2020-2022) avait insisté sur la nécessité de lutter contre l’inflation, qualifiant les promesses de baisses d’impôts de son adversaire de « conte de fées ».
Sur l’immigration, il avait dit soutenir le projet ultra-controversé, et pour l’heure bloqué, consistant à envoyer les migrants arrivés illégalement au Royaume-Uni au Rwanda.
AFP