RDC – Meurtre de l’artiste Delcat Idengo : un rapport de HRW met en cause le M23

Le meurtre du musicien et activiste congolais Delphin Katembo Vinywasiki, alias Idengo Delcato, continue de susciter de vives réactions. Alors que les circonstances exactes de son assassinat le 13 février dernier demeuraient floues, un rapport publié par Human Rights Watch (HRW) ce mercredi 12 mars apporte de nouveaux éléments impliquant directement les rebelles de l’AFC/M23.

Selon HRW, des combattants de l’AFC/M23 ont fait irruption au domicile de l’artiste avant de l’exécuter. « Les témoignages audio et vidéo que nous avons examinés indiquent que, lorsque des jeeps sont arrivées chez Delcat Idengo, ce dernier a tenté de s’enfuir et des hommes armés l’ont abattu », déclare l’organisation dans son rapport. Des vidéos largement diffusées sur les réseaux sociaux montrent le corps ensanglanté de l’artiste, présentant de graves blessures.

Des experts médico-légaux confirment une exécution violente

Le rapport de HRW mentionne que des experts médico-légaux indépendants ont conclu qu’Idengo semble s’être protégé la tête avec ses bras lorsqu’il a été touché par les tirs. Cette constatation renforce l’hypothèse d’une exécution brutale.

Interrogé par HRW, le porte-parole de l’AFC/M23, Laurence Kanyuka, a confirmé que les rebelles avaient bel et bien tué l’artiste, qu’ils considéraient comme un militant du mouvement Lutte pour le Changement (LUCHA). « On a interdit à la population de porter des insignes militaires ; on l’a trouvé chez lui avec des insignes militaires lors d’une opération de ratissage », a-t-il déclaré.

Une mise en scène post-mortem ?

Le rapport souligne des incohérences concernant la tenue vestimentaire de la victime au moment de son exécution. Alors que certains médias rapportent qu’Idengo tournait un clip musical lorsqu’il a été tué, des photos diffusées sur les réseaux sociaux montrent son corps vêtu d’un pantalon de camouflage de style militaire. D’autres images le montrent portant un pantalon blanc avec un drapeau congolais brodé, suggérant que ses vêtements ont été changés après sa mort. Aucune arme n’est visible sur les images.

Un artiste engagé et réprimé

Delcat Idengo n’était pas seulement un artiste, mais aussi un activiste connu pour ses prises de position contre le pouvoir en place et les groupes armés. Entre 2018 et 2020, il a été actif au sein du mouvement LUCHA à Beni. En 2021, il a été poursuivi pour avoir critiqué le président Tshisekedi et accusé ce dernier de ne pas tenir ses promesses. Finalement acquitté, il a continué à dénoncer les exactions du M23 et d’autres groupes armés à travers ses chansons.

En 2024, il attendait son procès après avoir été emprisonné pour incitation à un soulèvement armé contre la présence des Casques bleus de l’ONU en RDC. Il s’était évadé de la prison de Goma lors de l’offensive du M23 sur la ville. La veille de son assassinat, le 12 février, il avait publié une chanson critiquant « l’occupation tutsie » et le M23, ce qui pourrait avoir motivé son exécution.

Ce rapport de Human Rights Watch relance le débat sur les crimes commis par les groupes armés en RDC et pose une fois de plus la question de l’impunité qui règne dans la région.

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