Etats-Unis : l’ambassadeur sud-africain déclaré persona non grata

Les relations diplomatiques entre les États-Unis et l’Afrique du Sud connaissent un nouvel épisode de tensions. Washington a déclaré l’ambassadeur sud-africain, Ebrahim Rasool, persona non grata et lui a ordonné de quitter le pays. Cette décision, annoncée par le secrétaire d’État américain Marco Rubio, intervient dans un contexte de désaccords profonds entre les deux nations.

Accusations et réactions officielles

Marco Rubio a justifié cette expulsion en qualifiant Rasool de « politicien racialiste » et en l’accusant d’alimenter les divisions politiques aux États-Unis. Selon lui, l’ambassadeur nourrit une hostilité envers Donald Trump et adopte un discours polarisant. De son côté, Pretoria a exprimé son regret face à cette décision, tout en réaffirmant son engagement en faveur d’une relation diplomatique constructive avec Washington.

Cette mesure radicale, rarement employée en temps de paix, a été officialisée le vendredi 14 mars, à la suite d’une réunion des ministres des Affaires étrangères du G7 au Canada. Rubio a relayé son annonce sur le réseau social X (ex-Twitter), s’appuyant notamment sur un article du site ultraconservateur Breitbart. Ce dernier reproche à Rasool d’avoir tenu des propos critiques sur la politique américaine lors d’un webinaire organisé par un groupe de réflexion sud-africain.

Une analyse controversée de la politique américaine

Lors de cette conférence, Rasool a abordé l’essor du mouvement MAGA (Make America Great Again) sous l’angle des mutations démographiques aux États-Unis. Il a dénoncé un « assaut suprémaciste » contre les politiques de diversité et d’inclusion, tout en critiquant le rapprochement d’Elon Musk avec l’extrême droite européenne. Bien que Rasool n’ait pas attaqué directement Donald Trump, il a conseillé aux diplomates sud-africains de faire preuve de prudence dans leurs échanges avec Washington.

Ces déclarations ont suffi à Marco Rubio pour justifier son expulsion, l’accusant de raviver les tensions raciales et de fragiliser les relations bilatérales.

Un climat diplomatique déjà tendu

L’expulsion de Rasool intervient alors que les relations entre les États-Unis et l’Afrique du Sud sont déjà marquées par plusieurs points de friction. Depuis son retour à la Maison-Blanche en janvier 2025, Donald Trump critique ouvertement la politique sud-africaine, notamment une loi controversée sur l’expropriation des terres. Cette réforme vise à redistribuer des terres sous-exploitées afin de corriger les injustices de l’apartheid, mais elle est perçue par Trump et son allié Elon Musk comme une attaque contre la minorité blanche du pays.

En février, Trump a suspendu l’aide américaine à Pretoria et instauré un programme d’asile pour les Afrikaners, décrits comme des « réfugiés victimes de discrimination raciale ». Pretoria a fermement rejeté ces accusations, dénonçant une campagne de désinformation orchestrée par Washington.

Un autre point de discorde concerne la plainte déposée par l’Afrique du Sud contre Israël devant la Cour internationale de justice (CIJ) en 2023. Pretoria accuse Israël de génocide à Gaza, une initiative qui a provoqué l’ire de l’administration Trump, farouchement pro-israélienne.

Malgré ces tensions, le gouvernement sud-africain a appelé ses diplomates à maintenir le dialogue avec Washington et à préserver une coopération mutuellement bénéfique.

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