
Le Rwanda a annoncé ce lundi 17 mars la rupture de ses relations diplomatiques avec la Belgique, accusant Bruxelles de « tentatives pitoyables » de maintenir des « illusions néocoloniales ». Tous les diplomates belges ont reçu l’ordre de quitter le pays sous 48 heures. Cette décision s’inscrit dans un contexte de tensions exacerbées entre Kigali et Bruxelles, notamment autour du conflit en République démocratique du Congo (RDC).
Une escalade des tensions entre Kigali et Bruxelles
Dans un communiqué officiel, le ministère rwandais des Affaires étrangères a justifié cette rupture par l’attitude de la Belgique, qui selon Kigali, « agit systématiquement contre le Rwanda » dans le conflit en RDC. La Belgique est accusée d’avoir pris parti pour Kinshasa « bien avant et pendant le conflit en cours », et d’avoir favorisé la propagation d’une hostilité injustifiée à l’égard du Rwanda sur la scène internationale.
Cette décision intervient quelques semaines après la suspension des programmes d’aide au développement belges au Rwanda, annoncée en février dernier. Le gouvernement rwandais reproche également à la Belgique d’héberger sur son territoire des groupes qu’il considère comme des propagateurs de l’idéologie génocidaire et du négationnisme du génocide des Tutsi de 1994.
La Belgique réplique par des mesures de réciprocité
En réaction, Bruxelles a annoncé des mesures de réciprocité. Le ministre belge des Affaires étrangères, Maxime Prévôt, a dénoncé une décision « disproportionnée », ajoutant que « lorsque nous sommes en désaccord avec le Rwanda, il préfère ne pas dialoguer ». La Belgique a ainsi déclaré les diplomates rwandais personae non gratae et convoqué le chargé d’affaires rwandais à Bruxelles.
Par ailleurs, l’Union européenne, sous l’impulsion de la Belgique, a adopté de nouvelles sanctions visant des personnalités rwandaises et congolaises, en raison du soutien présumé de Kigali au groupe rebelle M23 en RDC. Neuf individus, dont trois hauts gradés rwandais et quatre cadres du M23, ont été sanctionnés par un gel de leurs avoirs et une interdiction d’entrée sur le territoire européen.
Un conflit régional aux répercussions diplomatiques
Le M23, groupe rebelle actif dans l’est de la RDC, contrôle désormais de vastes territoires riches en ressources minières. Kinshasa accuse Kigali de soutenir militairement cette rébellion, ce que le Rwanda dément fermement.
Dans ce climat explosif, l’Angola, qui joue un rôle de médiateur dans le conflit, a annoncé la tenue imminente de pourparlers de paix entre le M23 et le gouvernement congolais à Luanda.
La rupture des relations diplomatiques entre le Rwanda et la Belgique marque une nouvelle étape dans la détérioration des relations entre Kigali et les puissances occidentales. Dimanche, le président rwandais Paul Kagame avait vivement critiqué la Belgique, l’accusant de « nous avoir tués tout au long de l’Histoire et de revenir sans cesse pour nous tuer davantage ».
Alors que la situation en RDC continue de s’enliser, cette crise diplomatique pourrait avoir des répercussions sur la coopération régionale et les efforts de médiation en cours.