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Tshisekedi-Kabila : qui va couler l’autre ? (Le potentiel)

Situation ubuesque, dirait-on, entre le FCC et le CACH, la locomotive qui conduit le train RDC depuis janvier 2019. Tout le monde épie tout le monde. On se surveille en permanence. Démonstration : un jour, le chef de l’État instruit l’Inspecteur des Finances de diligenter des audits sur la gestion des deniers publics en relation avec l’exécution du ’’Programme des travaux d’urgence de 100 jours’’. Le jour d’après, le gouvernement, en embuscade, ordonne au Parquet général près la Cour d’appel de Kinshasa/Matete d’ouvrir des enquêtes auprès des ministères et des entreprises impliqués dans la gestion et l’exécution du projet présidentiel.

Au total : deux missions pour une même cause. Peut-on parler de cohésion au sommet de l’État ? En tout cas, s’il faut cacher ou découvrir des cadavres dans les placards d’un allié de circonstance, ceux du FCC, par rapport au CACH, constitueraient une haute montagne après 18 ans de prédation. D’où la question : « entre Tshisekedi et Kabila, qui va couler l’autre » ?

Chaque jour qui passe, la polémique enfle autour du coût réel des travaux de construction entrepris dans le cadre du Programme des travaux d’urgence initié par président de la République. Génératrice de ce climat de suspicion est la lenteur observée dans la construction, principalement, des travaux des sauts-demouton à travers la ville de Kinshasa.

Le week-end qui a précédé le 33ème sommet des chefs d’État et de gouvernement de l’Union africaine à Addis Abeba (Éthiopie), un caucus de députés nationaux élus de Kinshasa, sous la bannière de la commission Infrastructures de l’Assemblée nationale, est descendu sur différents sites pour évaluer le niveau d’exécution des travaux de ces ouvrages. Cette « inspection » a été suivie par le coup de gueule de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), le parti présidentiel, qui a évalué le niveau d’exécution de ces travaux à 30% à peine.

Le président de la République s’est offusqué de l’information reçue. Au cours du Conseil des ministres du vendredi 7 février 2020, la question a été inscrite à l’ordre du jour. Après débats et délibérations, le Conseil a décidé de diligenter des audits afin de faire toute la lumière autour de l’exécution du Programme d’urgence. C’est ainsi que, avant de se rendre à AddisAbeba, le chef de l’État a reçu l’inspecteur général des Finances.

Il l’a instruit de mener des audits sur ces travaux. En son absence, le gouvernement, à travers le vice-Premier ministre, ministre de la Justice et Garde des sceaux, a également instruit le Procureur du Parquet général près la Cour d’Appel de Kinshasa/Matete. Il lui a assigné la mission d’interpeller le VPM du Budget, celui des ITPR, le ministre des Finances et le gouverneur de la Banque centrale du Congo.

Chacun doit apporter des éléments devant permettre au Procureur de se faire une religion autour d’un dossier qui fait couler beaucoup d’encre et de salive.

Des poux sur la tête d’un chauve

À Kinshasa, on s’interroge. Dès lors que le président de la République avait déjà initié des audits autour de la gestion des travaux de son programme d’urgence, appartenait-il à un ministre, du reste haut cadre du Front commun pour le Congo, d’initier des enquêtes via le Parquet général près la Cour d’Appel de Kinshasa/Matete ? Et pourquoi avoir choisi le Parquet général près la Cour d’appel de Matete alors que les personnalités et les structures impliquées dans l’exécution du Programme des travaux d’urgence ont leurs quartiers généraux à Kinshasa/Gombe ?

Face à des questions qui demeurent sans réponse, les observateurs avertis de la scène politique congolaise sont d’avis que le FCC cher à Joseph Kabila cherche à couler le CACH de Félix Tshisekedi, son allié dans la coalition gouvernementale.

Pourquoi le FCC nourrirait-il de tels sentiments ? On estime que, indexé par la communauté internationale à travers ses nombreux membres aujourd’hui sous sanctions de l’Union européenne ou du Trésor américain, le FCC veut, par cette pirouette, démontrer qu’en douze mois de gestion, le CACH aligne déjà des cadavres dans ses placards. Une façon de remettre les compteurs à zéro en tentant de démontrer que les mauvais gestionnaires se recrutent également au sein de la plateforme chère à Félix Tshisekedi.

Pendant que le FCC pense accuser Félix Tshisekedi pour les douze mois de gestion de la chose publique, celui-ci tient le bon bout du cordeau. C’est-àdire de grands dossiers sales qui couvrent les 18 ans de règne de Joseph Kabila.

En somme, Félix Tshisekedi et Joseph Kabila tiennent, chacun, le deuxième fer au feu pour se venger. Cette attitude d’hypocrisie de part et d’autre risque d’entamer le peu de confiance qui sous-tend encore la coalition FCC-CACH. La vérité est que dans ce mariage dit « contre nature », on perd du temps et des énergies à s’épier comme chien et chat. Ce jeu est vraiment dangereux pour la bonne marche du pays.

La sagesse voudrait que chaque camp se détache de son* égoïsme pour privilégier l’intérêt général. À cet effet, il serait juste que, après les audits, chacun livre ses délinquants à la justice : ceux-ci serviront de fusibles à sacrifier pour sauver le pays. Voilà une recette propre pour nettoyer les écuries d’Augias.

Le Potentiel 

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