Le « Mouvement du 23 mars » (M23), qui a gagné du terrain samedi dans l’est de la République démocratique du Congo, est issu d’une ancienne rébellion tutsi congolaise jadis soutenue par le Rwanda et l’Ouganda, qui a repris les armes fin 2021.
Également appelée « Armée révolutionnaire congolaise », le M23 s’est emparé de plusieurs localités du territoire de Rutshuru situées sur une route nationale stratégique desservant Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu.
Considéré comme le dernier avatar de rébellions à dominante tutsi dans l’est troublé de la RDC, le M23 est né en mai 2012 d’une mutinerie d’anciens rebelles du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) intégrés au sein de l’armée congolaise.
Les mutins accusaient alors Kinshasa de ne pas respecter les clauses de l’accord signé le 23 mars 2009 (d’où le nom de leur « mouvement du 23 mars ») qui avait permis leur intégration militaire.
Le M23, qui a occupé Goma pendant une dizaine de jours en novembre-décembre 2012, a été vaincu l’année suivante par les forces armées congolaises épaulées par les Casques bleus de l’ONU, après 18 mois de guérilla.
Après sa défaite militaire, le M23 a poursuivi des négociations avec Kinshasa, tandis que plusieurs centaines de ses combattants avaient trouvé refuge en Ouganda, où ils ont été cantonnés, et au Rwanda.
Fin 2013, à Nairobi, le M23 et Kinshasa ont signé des engagements, notamment pour ouvrir la voie au rapatriement de la plupart des combattants de l’ex-rébellion en vue de leur réinsertion dans la vie civile. Cette opération n’a jamais connu d’avancée significative.
Début 2017, après quelques années de répit, le gouvernement congolais et de nombreux témoignages d’habitants faisaient état de la présence d’ex-combattants M23 dans la région de Rutshuru.
La situation s’était calmée mais, depuis novembre 2021, les M23 affrontent de nouveau l’armée dans le territoire de Rutshuru, à la lisière avec le parc national des Virunga. Le mouvement rebelle reproche aux autorités de n’avoir pas respecté les engagements signés à Nairobi sur la démobilisation de ses combattants.
Depuis l’arrivée massive en RDC de Hutu rwandais, dont certains ayant massacré les Tutsi durant le génocide de 1994, le Rwanda a été régulièrement accusé par Kinshasa d’incursions au Congo et de soutien à des groupes armés. Ce que Kigali dément systématiquement.
Cette fois encore, la RDC accuse le Rwanda de soutenir le M23.
Un rapport non-publié de l’ONU consulté en août par l’AFP pointait une implication du Rwanda auprès du M23 et, cette semaine, un ambassadeur américain aux Nations unies a clairement évoqué « l’aide apportée par les Forces de défense rwandaises au M23 ».
Le Rwanda dément et accuse en retour la RDC – qui nie elle aussi – de collusion avec les FDLR (Forces démocratiques de libération du Rwanda), un mouvement de rebelles hutu rwandais.
Les relations s’étaient apaisées entre Kigali et Kinshasa avec l’accession au pouvoir en RDC début 2019 de Félix Tshisekedi, qui a rencontré à plusieurs reprises son homologue rwandais Paul Kagame. Mais le regain d’activité du M23 a ravivé les tensions.
Avec AFP