Au Tribunal Militaire de Kinshasa/Gombe, siégeant en audience foraine à la prison de Ndolo, la défense de Jean-Jacques Wondo, ancien conseiller principal de l’Administrateur Général de l’Agence nationale de renseignements (ANR) en charge des réformes, a continué de plaider l’innocence de leur client dans le procès de tentative de coup d’État du 19 mai dernier.
Lors de l’audience de ce vendredi, les experts ont présenté les résultats de l’analyse des téléphones de Wondo, établissant des liens présumés entre lui et Christian Malanga, via une tierce personne nommée Malusha. Le ministère public, représenté par le lieutenant-colonel Radjabu Bashiru Innocent, soutient que ces éléments prouvent l’implication de Wondo dans le complot. Cependant, la défense a vivement contesté ces conclusions, soulignant l’absence de preuves tangibles.
« Je l’appelle rapport d’experts par courtoisie, mais en réalité, il n’en est pas un, car comme tous les juristes le savent, un rapport d’experts doit être signé, daté, et l’expert qui rédige ce rapport doit également être identifié. Or, ces éléments essentiels manquent dans ce prétendu rapport », a déclaré Carlos Ngwapitshi Ngwamashi, avocat de Jean-Jacques Wondo. Il a ajouté que malgré les images projetées montrant des conversations entre Malanga et d’autres individus, aucun lien direct ou indirect n’a été établi entre Wondo et Malanga.
Ngwapitshi Ngwamashi a également critiqué la méthodologie des experts, affirmant que le ministère public n’a pas tenu sa promesse de démontrer l’implication de Wondo. Selon lui, les preuves présentées se sont révélées insuffisantes pour incriminer son client.
« Le ministère public nous avait promis que la comparution des experts démontrerait l’implication de Jean-Jacques Wondo dans cette affaire. Vous avez vu les images projetées, vous avez vu la présence des éléments de New Zaïre, mais vous n’avez jamais vu Jean-Jacques Wondo. Le raccordement est basé sur une pièce établie par les experts eux-mêmes, où ils associent la photo de Malusha à deux numéros de téléphone, prétendant que ces deux personnes ont parlé. Ce n’est pas correct ni suffisant », a martelé l’avocat.
Par ailleurs, la défense s’est réjouie des témoignages du réceptionniste et du portier de l’hôtel Pajela, où Jean-Jacques Wondo résidait lors des faits. Ceux-ci ont confirmé que la jeep de l’ANR, attribuée à Wondo, était bien stationnée à l’hôtel les 18 et 19 mai, contredisant ainsi les allégations du ministère public selon lesquelles ce véhicule aurait été utilisé pour transporter Malanga et le corps d’Aboubacar, tué dans la résidence de Vital Kamerhe.
L’instruction dans l’affaire du coup d’État manqué s’est clôturée ce vendredi, après l’interrogatoire des prévenus et la présentation du rapport des experts. Le tribunal militaire a estimé avoir suffisamment d’éléments pour poursuivre la procédure. La prochaine audience, fixée au 26 août, sera consacrée à la plaidoirie des avocats des 51 prévenus, qui font face à de graves accusations, dont le terrorisme, la tentative d’assassinat, et l’association de malfaiteurs, passibles de la peine de mort.