Alors que l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS), parti au pouvoir, se lance dans une campagne de vulgarisation pour une révision de la Constitution, une voix dissidente s’élève depuis les rangs de l’Union sacrée. Alphonse Ngoyi Kasanji, cadre de cette famille politique soutenant le président Tshisekedi, a exprimé son opposition à cette initiative.
Dans une déclaration ferme publiée samedi, Ngoyi Kasanji met en garde contre les risques de distraction dès le début du mandat présidentiel. « Il ne faut pas que nous ouvrions une voie qui détourne l’attention de tous, alors qu’il y a des attentes énormes du souverain primaire », a-t-il écrit, critiquant une possible perte de focus sur les priorités économiques et sociales.
Comparaisons et appel à la performance politique
L’ancien gouverneur du Kasaï Oriental déplore les retards d’infrastructures en République démocratique du Congo (RDC) par rapport à d’autres pays. « Aux USA, le mandat présidentiel est de quatre ans seulement, mais les réalisations sont probablement de plus de cinquante ans comparativement à chez nous », souligne-t-il, pointant du doigt la faiblesse de la volonté politique locale.
Ngoyi Kasanji cite également des exemples en Tanzanie et au Sénégal, où des trains à grande vitesse (TGV) sont opérationnels, tandis qu’en RDC, l’inauguration d’une simple locomotive devient un événement majeur. « La construction d’un kilomètre de chemin de fer semble être moins coûteuse que les routes asphaltées chez nous, mais on y pense probablement moins », critique-t-il, ajoutant que l’absence d’autoroutes en RDC est particulièrement préoccupante, surtout lorsque « le Congo voisin, avec seulement quatre millions d’habitants, en possède déjà. »
Un appel à recentrer les priorités
Ngoyi Kasanji exhorte le président Tshisekedi à concentrer ses efforts sur des projets d’envergure capables d’honorer l’héritage politique de son père, Étienne Tshisekedi, surnommé le « Sphinx de Limete ». « Aidons le président à marquer notre population par des actes forts, plutôt que de plonger dans des distractions inutiles », a-t-il insisté.
Dans une critique directe, il met en garde contre les dérives potentielles du pouvoir : « Le pouvoir enivre si on y prend goût, mais il y a lieu de marquer autrement l’histoire. » L’homme politique exprime également sa nostalgie d’une époque plus prospère, rappelant qu’en 1970, un zaïre équivalait à deux dollars, une comparaison éloquente face à la situation économique actuelle où 1 dollar s’échange à plus de 2800 FC sans oublier « une mesurette de farine qui coûte 8 500 francs congolais ».