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Annulation de la tripartite à Luanda : le refus du Rwanda compromet les efforts de paix dans l’Est de la RDC

Félix Tshisekedi et João Lourenço poursuivent les discussions en tête-à-tête malgré l’absence de Kigali.

La réunion tripartite prévue ce dimanche 15 décembre à Luanda entre les présidents Félix Tshisekedi (RDC), Paul Kagame (Rwanda) et João Lourenço (Angola) n’aura finalement pas eu lieu. Selon un communiqué de la présidence congolaise, l’annulation de ce sommet diplomatique est due au refus de la délégation rwandaise de participer à la rencontre.

Ce sommet avait pour objectif de relancer les efforts de médiation face à la crise sécuritaire persistante dans l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC), où les rebelles du M23, soutenus par le Rwanda selon Kinshasa et des rapports des Nations unies, continuent leur offensive dans le Nord-Kivu.

Une condition préalable rejetée par Kinshasa

À la veille du sommet, lors d’une réunion préparatoire des ministres des Affaires étrangères des trois pays, le Rwanda avait posé une condition claire : la tenue d’un dialogue direct entre la RDC et le M23 comme préalable à toute avancée. Une exigence catégoriquement rejetée par la partie congolaise, qui considère le M23 comme un groupe terroriste et refuse toute forme de négociation directe avec ses membres.

Le groupe terroriste M23, selon les mots de la RDC et des experts onusiens, a quitté la table des négociations dans le cadre du Processus de Nairobi, préférant intensifier ses actions militaires. Une posture que Félix Tshisekedi juge incompatible avec toute perspective de paix.

Un tête-à-tête entre Tshisekedi et Lourenço

Malgré l’absence de Kigali, les présidents Félix Tshisekedi et João Lourenço ont maintenu un entretien en tête-à-tête, avant d’élargir la discussion à leurs délégations respectives. À l’issue de ces échanges, Uhuru Kenyatta, l’ancien président kényan et facilitateur du Processus de Nairobi, a été convié pour faire un état des lieux de ce processus de paix et établir une jonction avec les discussions menées à Luanda.

Dans son intervention, Uhuru Kenyatta a rappelé que le M23 avait volontairement quitté les négociations, préférant la voie des armes, une situation qui complique davantage les efforts pour parvenir à une démobilisation, un désarmement et une réinsertion sociale des groupes armés opérant dans la région.

La persistance des tensions et des affrontements

L’un des points centraux de la tripartite devait concerner le retrait des troupes rwandaises du territoire congolais. Une présence que Kigali continue de nier, malgré des preuves documentées par des experts de l’ONU. Cette impasse diplomatique compromet sérieusement les chances de stabilisation dans l’Est de la RDC, alors que les affrontements se poursuivent, notamment dans le territoire de Lubero.

Une médiation fragilisée

L’annulation de ce sommet représente un coup dur pour les efforts de médiation entrepris dans le cadre du Processus de Luanda, sous la houlette du président angolais João Lourenço. Malgré les efforts conjoints des médiateurs régionaux, les positions entre la RDC et le Rwanda restent inconciliables, au détriment des populations civiles, principales victimes de cette instabilité persistante.

Le rôle d’Uhuru Kenyatta apparaît désormais crucial pour relancer le dialogue entre les acteurs régionaux et les groupes armés, en dépit des obstacles croissants. Toutefois, en l’absence de coopération du Rwanda et avec la poursuite des offensives du M23, les perspectives de paix dans l’Est de la RDC demeurent sombres et incertaines.

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