Une journée de chaos a éclaté à Kinshasa ce mardi, marquée par des manifestations violentes contre l’inaction perçue de la communauté internationale face au conflit dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC). Les manifestants ont pris pour cible plusieurs ambassades et commerces, laissant derrière eux des scènes de vandalisme, de pillage et de tensions.
Cibles des manifestants : ambassades et commerces
Des centaines de manifestants, à pied ou à moto, ont convergé vers le quartier huppé de La Gombe, dans le nord de la capitale, à l’appel d’un collectif de jeunesse pour une journée « ville morte ». Les ambassades du Rwanda, de l’Ouganda, du Kenya, de la France, de la Belgique et des États-Unis ont été particulièrement ciblées.
Les manifestants accusent le Rwanda et l’Ouganda de soutenir activement le groupe armé M23, à l’origine d’une offensive majeure dans le Nord-Kivu. Ce groupe a pris le contrôle de Goma et de son aéroport après des combats intenses. Les autres pays sont pointés du doigt pour leur prétendue inaction diplomatique face à cette crise.
Des slogans tels que « Trop, c’est trop », « Mort à Kagame » et « Kagame assassin » ont été scandés. Devant l’ambassade du Rwanda, des manifestants ont alimenté un feu de pneus, tandis que certains prônaient de « tout détruire » en signe de révolte.
Vandalismes et pillages
L’ambassade de France a également été prise pour cible : son mur d’enceinte a été incendié et des inscriptions dénonçant une « trahison » y ont été laissées. Les ambassades de Belgique, des États-Unis et d’Ouganda ont connu un sort similaire.
Dans l’ambassade ougandaise, des manifestants se sont livrés à des pillages, emportant des meubles sur des motos et des taxis. À proximité, des commerces ont également été saccagés. Des produits alimentaires comme du lait, du poulet et des bonbons ont été emportés.
Pendant ce tumulte, un jeune homme grièvement blessé à la jambe n’a reçu aucune assistance, les pillards étant trop occupés à dérober les marchandises.
Réactions et condamnations
Face à cette flambée de violence, le gouvernement congolais a présenté « ses regrets » pour les actes de vandalisme et appelé le personnel diplomatique à la prudence. Dans une note adressée aux missions diplomatiques, il a également exhorté les manifestants à faire preuve d’apaisement.
Patrick Muyaya, porte-parole du gouvernement, a lancé un appel au calme sur la télévision nationale RTNC :
« Nous avons le droit de manifester notre colère, mais faisons-le pacifiquement. Ne nous attaquons pas aux infrastructures consulaires des pays accrédités en RDC. »
La France a dénoncé des attaques qu’elle juge « inadmissibles », tandis que le Kenya a rappelé que saccager une ambassade constitue une grave violation du droit international.
Kinshasa paralysée
Dès le matin, l’appel à manifester avait vidé les rues habituellement embouteillées de Kinshasa. Les rares véhicules circulant affichaient une branche d’arbre en signe d’adhésion au mouvement anti-Rwanda.
En pleine crise sécuritaire, cette journée de colère révèle les frustrations croissantes des Congolais face à l’escalade du conflit à l’Est, mais pose également la question des limites de ces manifestations lorsqu’elles basculent dans la violence.