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RDC : Félix Tshisekedi répond aux questions des congolais (I. Economie et Social)

Introduction

TINA SALAMA :Excellence, Monsieur le Président de la République, Bonjour.

FELIX TSHISEKEDI : Bonjour Madame Salama.

TINA SALAMA : Merci au nom de tous ces compatriotes, d’avoir accepté de répondre à leurs questions. Ils étaient en tout cas très nombreux à vouloir vous soumettre toutes ces questions-là, nous en avons sélectionné une une vingtaine, mais je leur ai promis (…)

FELIX TSHISEKEDI : On m’a dit qu’il y en avait près de cinq mille?

TINA SALAMA :Absolument. Il y avait près de cinq mille, uniquement via le formulaire que nous avions mis en place via une sorte de plateforme. Mais d’autres ont carrément réagi via les réseaux sociaux, Twitter, Facebook, Messenger. Donc, si elle est vraiment (…)

FELIX TSHISEKEDI : Je suis à la disposition de mon peuple.

TINA SALAMA : Merci. Ils veulent savoir comment vous vous portez.

FELIX TSHISEKEDI : Ah ben ça va, merci ça va très bien. Rien à signaler du côté santé. Le moral un peu affecté évidemment par la situation de l’Est. On ne peut pas être totalement en pleine possession de sa joie, de sa de ses sentiments de bonheur tant qu’on a cette épine dans le pied.

Mais ça va dans l’ensemble, ça va parce que le moral est bon. Le moral de nos troupes à l’Est est bon aussi. Il y a une montée en puissance de nos forces armées et il y a sûrement de bonnes nouvelles à venir au vu des démarches diplomatiques que nous avons menées et de la situation sur le terrain.

Economie et Social

TINA SALAMA : Nous commençons par le social. La première question en tout cas, ils veulent savoir comment est-ce que vous jugez, Monsieur le Président, l’impact de votre action sur la situation sociale des Congolais durant ce quinquennat.

FELIX TSHISEKEDI : Vous savez, un impact il faut toujours le prendre en trois dimensions. Il y a la dimension immédiate, il y a la dimension à moyen terme et à long terme.

Nous sommes dans des réformes, notamment au niveau de l’agriculture, qui vont nous amener une indépendance alimentaire, une sécurité alimentaire dans les années qui viennent. Évidemment, ce sont des réformes, il faut du temps pour les mettre en place, mais cela augure de très très bonnes nouvelles. Nous allons enfin mettre fin à toutes ces importations qui nous coûtent des milliards et pouvoir produire nous-mêmes sur place, et en sus, nous allons faire de la transformation locale et donc de la création d’emplois et de richesses. Donc ça, c’est pour le long terme.

A court terme, bien évidemment, vous le savez, nous avons eu, puisque notre économie est très dépendante de la conjoncture extérieure, nous avons eu des événements à l’étranger, la Covid, pour commencer ensuite la guerre russo-ukrainienne qui ont eu un impact sur les produits pétroliers, sur les denrées de première nécessité. Évidemment, nous qui sommes aussi dépendants de tout cela, nous en ressentons les coûts. Nous sommes en train de tout mettre en œuvre pour essayer tant soit peu de d’alléger ces peines. C’est le cas avec le carburant où nous avons subventionné, éviter à notre population de connaître ce qui s’est passé ailleurs en Afrique, et je ne parle pas du reste du monde aussi.

Donc le gouvernement est à pied d’oeuvre pour essayer de parer au plus pressé. Je comprends parfaitement les difficultés qui sont celles de nos populations, mais nous essayons de soulager tant soit peu. Prenez le cas par exemple de la gratuité de l’enseignement. Elle a pu faire un peu de bien aux ménages qui ont pu consacrer ces fonds à d’autres activités, à les investir dans autre chose. Donc ce sont ce genre de mesures comme ça, l’augmentation de la solde des militaires, des salaires des enseignants, des médecins leur régularisation.

D’ailleurs, parce qu’il y avait beaucoup de non payés, beaucoup de non reconnus, nous avons tout régulariser et accorder quelque chose. Bien sûr, je comprends que ce ne soit pas encore suffisant, mais les efforts sont fournis. Nous avons même pensé à nos retraités. Aujourd’hui, le fonctionnaire qui va à la retraite n’a plus à s’inquiéter pour son devenir. Il y a une rente qui est prévue pour cela.

Donc c’est pour vous dire que nous sommes à pied d’oeuvre pour essayer de juguler les difficultés que connaissent nos populations. Et je reste optimiste parce que nous travaillons.

TINA SALAMA : Pour parler des difficultés, il y a l’accès aussi aux soins de santé. Alors il pose une question sur la couverture santé universelle. C’était parmi vos projets phares de campagne et vous l’aviez. Vous avez même mis en place, je pense, une première structure. Voilà. Alors ils veulent savoir est-ce que ça traîne parce que vous voulez lancer le tout en même temps ? partout dans le pays ou vous pouvez commencer par phase ?

FELIX TSHISEKEDI :  ça ne sera pas possible de lancer le tout en un temps. Nous n’avons pas les ressources suffisantes, mais nous avons déjà mobilisé certaines ressources pour commencer avec la catégorie mère enfant et qui permettra d’avoir des accouchements gratuits et même des consultations prénatales et postnatales. Et ça a commencé dans certains hôpitaux. Petit à petit, nous allons l’étendre sur l’ensemble de la République, le but étant évidemment de rendre gratuit l’accès aux soins de santé pour tous les Congolais.

TINA SALAMA : La loi sur la vente en détails par les opérateurs étrangers souffre toujours de son application, ce qui étouffe le commerce ou on va dire les petits commerces nationaux. Alors qu’est-ce que vous comptez faire pour y remédier?

FELIX TSHISEKEDI : Je comprends parfaitement mais vous savez, il y a plusieurs paramètres qui concourent à ça.  C’est un problème qui touche au climat des affaires, mais pas seulement. Il touche également à l’administration. Vous voyez, nous venons de lancer l’identification de tous les Congolais. Cela nous permettra de résoudre énormément de problèmes, notamment en ce qui concerne le sujet que vous avez évoqué de sortir de l’informel pour le formel, parce que dans beaucoup de ces compatriotes qui se plaignent de concurrence déloyale étrangères dans le petit commerce. Alors il faut régulariser tout ça, voir clair et pouvoir s’y pencher. J’en ai parlé au mois d’avril de cette année en Conseil des ministres pour donner des instructions. Un atelier devait être organisé d’ailleurs par le ministère de l’Économie à ce sujet et à ce moment-là, nous aurons les indications nécessaires pour pouvoir prendre les mesures qu’il faut afin de protéger nos petits commerçants. Mais à eux aussi je leur demanderais de se faire identifier le moment venu parce que la campagne va bientôt commencer pour l’identification de la population. Parce que c’est ainsi que l’Etat pourra prendre en compte leurs desiderata et surtout protéger leurs intérêts vis-à-vis de ces commerçants peureux qui grappillent sur leur part. Nous prenons le problème en charge.

TINA SALAMA : Les barrières illégales également. Les tracasseries sur la RN1 donc la route nationale numéro un. Ils disent que malgré toutes les missions pour les démanteler du gouvernement, toutes les missions échouent. En fait, aujourd’hui, ça coûte cher aux commerçants. Est-ce que il y a une solution qui est pensée pour cette problématique ?

FELIX TSHISEKEDI : Non seulement ça coûte cher aux commerçants, mais ça se répercute aussi sur les prix des denrées. C’est vraiment une situation très inconfortable dans laquelle nous mettent ces agents de police vrai et faux, parce qu’il y a aussi des faux agents de police. Donc j’ai déjà eu m’entretenir avec je pense que c’est le prédécesseur de l’actuel ministre de l’Intérieur pour que l’on redouble de vigilance, mais surtout d’actions afin de mettre fin à ces tracasseries. Et nous n’excluons pas non plus de faire recours à la technologie. Je pense ici par exemple, à des drones qui couvrirait des axes entiers pour surveiller évidemment la circulation dessus.

Donc nous sommes en train d’envisager plusieurs solutions, le but étant vraiment d’y mettre fin parce que c’est vraiment une situation qui nous met tous en difficultés et ça ne peut pas continuer comme ça. Mais nous mettrons tout le monde dans le jeu, y compris les notabilités locales. Je pense ici aux chefs traditionnels, pour que tout le monde puisse signaler en temps réel ce genre d’obstruction et que l’intervention de la hiérarchie puisse aussi se faire assez rapidement afin de mettre, de pénaliser évidemment ces contrevenants à la discipline de la police.

TINA SALAMA : Une autre question. Monsieur le Président, le service national est susceptible de créer des emplois de masse. Est-ce qu’il est envisagé d’accélérer la couverture des projets agricoles sur l’ensemble du territoire, (FELIX TSHISEKEDI : bien sûr). Et en même temps au-delà de l’agriculture, ils posent la question sur la politique de la pêche et de l’élevage.

FELIX TSHISEKEDI : Bien sûr, tout va aller, mais vous voyez, nous allons étape en étape parce que ce service national, je peux vous le dire, je l’ai trouvé dans une situation plus que chaotique. Et ici, je profite de l’occasion pour vraiment tirer mon chapeau au général Jean Pierre Kasongo Kabwik, qui est le patron de cette institution et qui la dirige de main de maître. C’est un homme très courageux qui très vite a cherché à me voir pour me parler des problèmes auxquels il faisait face au sein de son institution.

Et nous avons travaillé de pair à les juguler. Et aujourd’hui, je suis heureux de voir que nous avons énormément de travailleurs repris. D’ailleurs certains étaient parmi les kun que l’on déplore aujourd’hui repris de ces milieux-là complètement métamorphosés et qui aujourd’hui servent l’Etat. On s’est lancé dans cette aventure vers la fin de l’année 2020. Et voilà où nous en sommes aujourd’hui. Et je peux vous dire que dans tous les camps militaires, le prix du sac de farine est resté le même c’est-à-dire hors concurrence, vous ne trouverez jamais ce prix sur le marché. Grâce justement à cette production, je lui avais demandé évidemment de privilégier cette catégorie parce que pour moi, les militaires, ce sont nos héros, nos héros vivants. Nous devons les accompagner dans tout ce qu’ils font et donc j’avais demandé qu’on privilégie cela. Et voilà que au niveau de la production, agricole, ça se passe très bien parce que à côté du maïs, il y a le riz aussi et il va maintenant commencer la pisciculture. Voilà. Et à côté de ça, il y a la formation professionnelle.

Beaucoup ne le savent pas, mais il y a dans ce service des bâtisseurs qui ont déjà prouvé de quoi ils étaient capables. Ils ont construit quelques écoles au village, dans mon village d’origine à Mupompa, dans le village d’origine du défunt président Laurent Désiré Kabila, à Manono. Donc ils ont fait comme ça leurs preuves et ça va continuer. Nous allons ouvrir d’autres antennes à travers la République, en plus de Kanyama Kasese, pour que le service national soit vraiment une institution qui réponde aux aspirations des Congolais et des Congolais. Et moi, je me fais même une petite idée. Vous savez, dans d’autres pays, il y a eu, surtout dans les pays occidentaux, après la Seconde Guerre mondiale, le service militaire, j’y pense secrètement à une sorte de service national mais qui serait aussi oui obligatoire à tout jeune qui termine, qui terminerait ses études secondaires avant d’aller à l’université ou de faire autre chose, de servir la nation pendant une année, soit dans une formation militaire, pour apprendre à défendre notre territoire, notre patrie ou dans le service national qui est un service qui s’ouvre vraiment à toute la population, au peuple congolais qui est vraiment à son service.

Et ainsi on pourra apprendre à être patriote et surtout à aimer son prochain, à servir son prochain. C’est vraiment une vocation qui en vaut vraiment la peine.

TINA SALAMA : Alors la dernière question de cette thématique « Economie et Sociale », concerne la Justice. Il parle de l’impunité qui encourage l’immoralité dans l’action publique, surtout des mandataires. Alors comment est-ce que vous comptez renforcer la justice sur les dénonciations de corruption qui restent souvent sans suite.

FELIX TSHISEKEDI : Oui, là, je vous dis. Je pense que s’il y a un bémol sur mon bilan, c’est celui-là. Je ne suis vraiment pas satisfait du bilan jusqu’ici, en tout cas encore récolté dans la justice. J’ai beaucoup compté sur ce pouvoir parce que je me dis comme dans la Bible, c’est la justice qui élève une nation. Malheureusement, dans notre cas, la justice détruit notre nation. J’ai tout mis en œuvre pour essayer de faire comprendre, surtout aux chefs des corps mon intention, ma vision et en fait ma vision, c’est de dire voilà c’est vous qui connaissez votre métier, exercez-le consciencieusement, tel que vous l’avez appris de vos précepteurs, mais malheureusement, je n’ai pas l’impression que nous sommes toujours sur le même diapason. Et nous récoltons souvent la critique de l’opinion de manière injuste, qui pense que, par exemple, je prends comme ça un cas lorsqu’on met quelqu’un en prison préventive en attendant son jugement et qu’après on le libère, on pense toujours qu’il y a une intervention de l’État, Madame, je peux vous le dire devant Dieu, je ne suis intervenu dans aucun cas de ce pays pour demander l’arrestation ou la libération de quelqu’un. Jamais parce que je veux que la justice soit indépendante. Moi, je crois que nos institutions doivent toutes être libres d’exercer leur pouvoir sans qu’il y ait de contraintes venant de la hiérarchie ou de qui que ce soit.

Et donc je pense ici que cette justice a besoin de réformes. Je viens de vous donner le cas d’arrestations préventives. Sous d’autres cieux, on parle parfois de mise en examen. Pourquoi est-ce qu’on ne le voit pas ici ? Au lieu d’arrêter quelqu’un et de le jeter comme ça en pâture dans l’opinion? Faire croire parce que dès qu’on arrête quelqu’un pour le commun des Congolais, il est coupable. Et lorsqu’on le reverra demain dehors, on va dire il a corrompu, ça peut être vrai, ça peut être faux, mais dans tous les cas ça jette un discrédit sur la justice. Donc il faudrait une réforme. J’ai demandé des études sérieuses là-dessus. Je crois qu’elles sont même prêtes dans les jours qui viennent, je vais vraiment faire une sortie avec le Conseil supérieur de la magistrature pour les rencontrer et voir comment nous pouvons mettre en oeuvre ces réformes. Évidemment, parmi eux, il y a de braves gens, il y a de braves femmes, de braves hommes, je n’en disconviens pas. Mais j’ai l’impression que tout le monde semble être dépassé par la force du mal qui est cette corruption qui jette un discrédit finalement sur nous tous, parce qu’on pense l’opinion pense que nous avons tous à avoir là-dedans. Et pourtant je compte sur la justice parce qu’il n’y a pas mieux qu’elle pour juguler les anti valeurs qui ont mis à mal notre économie, l’image du pays etc Et même pour les investisseurs, pour qu’ils viennent en toute assurance dans ce pays, ils doivent pouvoir compter sur une justice qui est impartiale, qui est objective.

TINA SALAMA : Il y a des avancées en justice avec la nomination récemment de plus de cinq mille magistrats, deux mille cinq cents, deux mille cinq cents qui sont déjà engagés et puis des structures qui ont été mises en place pour lutter contre la corruption notamment l’IGF, l’APLC.

FELIX TSHISEKEDI :  Et puis Et puis il a commencé à y avoir des arrestations de magistrats, ce qui n’arrivait plus.

Il y a des magistrats qui aujourd’hui sont jugés pour jugement inique des choses comme ça. Donc voilà, on peut commencer à espérer. C’est pour ça que je vous dis, moi, je ne désespère jamais. Donc il y a eu certes beaucoup de difficultés dans ce domaine, mais je continue de croire que nous sommes humains. Et nous, en tant qu’homme, on ne peut que trouver des solutions. On ne peut pas rester sur les problèmes, on doit trouver des solutions, on les trouvera.

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