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Projet de nouvelle Constitution en RDC : Tshisekedi sous le feu des critiques de l’opposition

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Kinshasa, 25 octobre 2024 – Le débat autour de la réforme constitutionnelle en République démocratique du Congo (RDC) s’intensifie. Lors d’un meeting à Kisangani (province de la Tshopo) le 23 octobre, le Chef de l’État, Félix Tshisekedi, a confirmé son intention de doter le pays d’une nouvelle constitution. Il a annoncé qu’une commission composée d’intellectuels multisectoriels sera mise en place dès 2025 pour élaborer un texte « rédigé par des Congolais ». Cette initiative, cependant, suscite une vive opposition.

Katumbi accuse Tshisekedi de trahison

La réaction de Moïse Katumbi, l’un des principaux opposants à l’actuel régime, n’a pas tardé. Ce dernier a accusé le président Tshisekedi de « trahir le peuple » en qualifiant la Constitution du 18 février 2006 d’« étrangère ». « La Constitution ne changera pas. Elle a été approuvée par le peuple, et aujourd’hui, Félix Tshisekedi traite ce peuple comme des étrangers ? Ça ne m’étonne pas. Je crois que Félix Tshisekedi n’était pas prêt à diriger la RDC », a déclaré Moïse Katumbi.

Pour l’opposition, cette initiative présidentielle est perçue comme une manœuvre visant à prolonger le mandat de Tshisekedi au-delà des limites actuelles. « C’est une utopie », a martelé Katumbi, qui estime que la mauvaise gouvernance est le véritable problème du pays, et non la Constitution. « Même avec 30 ou 40 ans au pouvoir, Tshisekedi ne serait toujours pas prêt à diriger la RDC », a-t-il ajouté.

L’UDPS et le « testament politique » d’Étienne Tshisekedi

La volonté du président Tshisekedi de réviser la Constitution semble s’inscrire dans une campagne soutenue par l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS), son parti. Augustin Kabuya, secrétaire général de l’UDPS, a récemment rappelé que cette initiative s’inscrit dans la continuité du « testament politique » d’Étienne Tshisekedi, fondateur du parti.

« Si le Peuple nous fait confiance, une fois l’UDPS au pouvoir, nous reviendrons sur cette Constitution en l’adaptant aux réalités congolaises », avait promis Étienne Tshisekedi. Pour Augustin Kabuya, cette révision constitue donc une promesse à honorer.

La société civile et les avertissements contre une réforme risquée

Au sein de la société civile, certains acteurs se montrent également critiques. Jean-Claude Katende, président de l’Association africaine de défense des droits de l’homme (ASADHO), a mis en garde contre les risques liés à ce projet. « En s’engageant de manière claire et précise pour le changement de la Constitution, en touchant même aux dispositions verrouillées, le Président sait que cela ne sera pas sans conséquences. Il s’engage sur un chemin à visibilité incertaine », a-t-il déclaré.

Un écho aux controverses du passé

L’initiative de Tshisekedi rappelle les tentatives similaires sous la présidence de Joseph Kabila, lorsque l’opposition et la société civile redoutaient que l’ancien président cherche à modifier l’article 220 pour se maintenir au pouvoir après ses deux mandats constitutionnels. Entre 2015 et 2016, ces manœuvres avaient suscité de vives tensions politiques, auxquelles l’UDPS de l’époque s’était fermement opposée.

Aujourd’hui, le projet de nouvelle Constitution risque de raviver ces anciens démons. L’opposition redoute que cette réforme ne soit qu’un stratagème pour prolonger le mandat de Félix Tshisekedi au-delà de 2028.

Un chemin semé d’incertitudes

Pour l’instant, seul le parti présidentiel milite publiquement en faveur de cette réforme. Au sein de l’Union sacrée de la nation, la coalition qui soutient Tshisekedi, les réactions restent discrètes. Cependant, avec la mise en place prochaine de la commission en 2025, les tensions politiques autour de ce projet risquent de s’intensifier.

Tandis que la société civile appelle à une opposition ferme à ce qu’elle considère comme une entreprise dangereuse, le président Tshisekedi s’engage dans un projet ambitieux mais controversé, avec une issue encore incertaine.


La Rédaction

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