En République démocratique du Congo (RDC), l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS), parti au pouvoir, se prépare à répliquer aux manifestations de l’opposition prévue ce jeudi. Le Sursaut National, un mouvement regroupant plusieurs figures de l’opposition, a annoncé une marche pour protester contre les intentions du régime de modifier la constitution, une initiative perçue par les opposants comme une tentative déguisée de prolonger le mandat présidentiel de Félix Tshisekedi.
Mardi 12 novembre 2024, lors d’une rencontre avec ses partisans pour la « journée de la base », le secrétaire général de l’UDPS, Augustin Kabuya, a galvanisé la foule en promettant une riposte proportionnelle. Devant des militants enthousiastes, il a annoncé que l’UDPS organiserait une mobilisation nationale pour soutenir le président, actuellement à son dernier mandat constitutionnel.
« Nous avons appris que les opposants vont marcher. Cela ne nous concerne pas, car c’est leur droit. Mais si, et seulement s’ils réussissent à marcher ce jeudi, nous leur répondrons samedi avec une marche hors du commun dans tout le pays, pour que le Congo sache que Félix Tshisekedi a un grand parti politique », a-t-il déclaré sous les applaudissements.
Une Constitution remise en cause par l’UDPS
L’UDPS critique plusieurs aspects de l’actuelle constitution, notamment le rôle du Premier ministre, qui selon Kabuya, affaiblit la présidence. Le secrétaire général estime qu’il est incohérent que le président, élu par le peuple, soit contraint de déléguer les décisions exécutives majeures à un Premier ministre, chargé de conduire la politique du gouvernement. « Le Premier ministre fera son travail jusqu’à la fin. Qu’il l’ait bien fait ou pas, cela ne l’engage pas. Au final, c’est le président de la République qui endossera toute la responsabilité. Est-ce normal ? Voulez-vous vraiment d’une telle constitution ? » a-t-il lancé à la foule, qui a répondu par un « non » unanime.
Kabuya a également exprimé son incompréhension face au revirement des acteurs religieux, des opposants et de la société civile qui avaient combattu la constitution de 2006 aux côtés de l’UDPS. Pour lui, s’accrocher à cette constitution serait suspect. « Dans cette même constitution, il est dit que, pour sauvegarder l’unité de l’Afrique, nous devons céder une partie de notre pays au Rwanda. Est-ce ce que vous voulez ? » s’est-il indigné, qualifiant la constitution actuelle de « malédiction ».
Le président Tshisekedi, jusque-là réticent à entrer dans ce débat, a récemment apporté son soutien à son parti en annonçant la création d’une commission d’intellectuels et d’experts pour examiner les questions soulevées. Lors d’un rassemblement à Kisangani, il a affirmé que cette initiative visait à moderniser la gouvernance du pays.
Une opposition déterminée
Face aux intentions de l’UDPS et du président, les leaders de l’opposition, notamment Martin Fayulu et Moïse Katumbi, ont exprimé leur volonté de s’opposer fermement à tout changement constitutionnel. Selon eux, cette démarche n’est rien d’autre qu’une manœuvre visant à permettre à Tshisekedi de briguer un troisième mandat, en dépit des dispositions actuelles.
Du côté de l’Église catholique, le secrétaire général de la Cenco, Monseigneur Donatien Nshole, a fermement dénoncé cette initiative. Lors des États généraux de la justice, il a déclaré qu’une révision constitutionnelle serait une « décision irresponsable » et a appelé les dirigeants à respecter l’esprit des textes fondateurs de la République.
Ainsi, alors que l’UDPS prépare sa riposte et que l’opposition se mobilise, la question de la révision constitutionnelle promet de polariser davantage le débat politique en RDC, rendant la situation particulièrement tendue.