Une motion de défiance visant le ministre des Infrastructures et Travaux publics, Alexis Gisaro, a été déposée ce vendredi 22 novembre à l’Assemblée nationale de la République démocratique du Congo par 57 députés. Ce geste, qui reflète un mécontentement face à l’état des infrastructures du pays, a déclenché de vives tensions au sein de l’hémicycle et révélé des fractures dans l’Union sacrée, la coalition au pouvoir.
Les reproches des députés
En poste depuis 2021, Alexis Gisaro est accusé par les initiateurs de la motion d’avoir failli à ses responsabilités. Les députés dénoncent l’arrêt des projets d’infrastructures pourtant financés, ainsi que l’absence de démarrage pour d’autres initiatives importantes. Les projets emblématiques comme « Kinshasa zéro trou » et « Tshilejelu » sont pointés du doigt comme symboles d’un échec.
Dans leur texte, les signataires soulignent l’écart entre les promesses présidentielles et les réalisations du ministère : « La ferme volonté du président Félix Tshisekedi d’améliorer les conditions de vie du peuple congolais n’a pas été traduite en actes. »
Réactions au sein de l’Union sacrée
Vital Kamerhe, président de l’Assemblée nationale et une des figures clés de l’Union, a réagi avec prudence, en prenant ses distances par rapport à cette motion tout en assurant qu’il ne bloquera pas le débat.
“C’est leur droit, mais ne m’impliquez pas”, a-t-il déclaré. Il a cependant exprimé des réserves sur les conséquences de cette initiative pour la cohésion de la majorité parlementaire. « Nous sommes une famille politique. Prendre une telle initiative sans consultation risque de déstabiliser notre propre pouvoir. »
L’UDPS dans la tourmente
Le dépôt de cette motion, menée par le député Marcel Zuma, a également secoué l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS), le parti du président Tshisekedi. Daniel Aselo, secrétaire général adjoint de ce parti, a catégoriquement nié toute implication de son parti : « Nous n’avons jamais tenu de réunion pour décider du départ d’un ministre. Cela ne nous concerne pas. »
Aselo a par ailleurs critiqué Vital Kamerhe pour des « amalgames » impliquant l’UDPS. Il a rappelé que le règlement intérieur prévoit des initiatives collectives des députés, et non des partis.
Contexte et prochaines étapes
Cette motion intervient après l’interpellation d’Alexis Gisaro devant l’Assemblée nationale, où ses réponses avaient déjà suscité des critiques. Les députés dénoncent notamment « la disparition des routes en pleine capitale » et le « dysfonctionnement des structures rattachées au ministère ».
Vital Kamerhe a appelé au respect des procédures et à la transparence, en promettant de dévoiler l’appartenance politique des signataires dès la publication officielle de la motion. Le débat devra se tenir dans les 48 heures, conformément à la Constitution et au règlement intérieur de l’Assemblée nationale.
Cette initiative, qui pourrait avoir des répercussions majeures sur l’équilibre au sein de l’Union sacrée, met en lumière les tensions croissantes entre les membres de la majorité parlementaire et pourrait redéfinir les rapports de force politiques en RDC.