De violents combats ont opposé jeudi les forces armées de la République démocratique du Congo aux rebelles du M23 près de la route nationale 2, un axe stratégique reliant Goma, chef-lieu du Nord-Kivu, aux autres villes de l’est du pays et à l’Ouganda, a-t-on appris de sources locales.
Après plusieurs semaines d’accalmie, les affrontements ont repris le 20 octobre sur le territoire de Rutshuru, à une cinquantaine de km au nord de Goma, provoquant de nouveaux déplacements de populations.
« Il y a des affrontements sur la RN2, la route est coupée à Kako et Kalengera », déclarait par téléphone à l’AFP à la mi-journée un responsable local, Justin Komayombi. Selon des témoignages, des habitants paniqués des deux villages et d’autres localités voisines, dont Nyesisi, se sont enfuis en tous sens.
Le matin, « nous avions entendu des coups de feu vers les collines. Après, nous avons fui lorsque la situation s’est aggravée », a déclaré à un correspondant de l’AFP Aimé Nsambimana, un cultivateur de Nyesisi, rencontré dans un camp de déplacés du territoire de Nyiragongo, plus au sud.
« Les M23 ont tiré beaucoup de balles dans notre village, voilà pourquoi nous avons été obligés de fuir pour sauver notre vie », a également expliqué Anita Sikuzote, une mère de six enfants.
« Le M23 est à l’offensive » depuis mercredi soir, occupant notamment jeudi la RN2 à Rubare, Kalengera, Kako, et continuant d’attaquer des positions de l’armée, a écrit sur Twitter le Baromètre sécuritaire du Kivu (KST), qui dispose d’experts dans la région.
Le M23 s’était emparé dimanche du village de Ntamugenga, à environ 4 km à l’est de la RN2.
Aucun bilan global de ces nouveaux affrontements n’était disponible jeudi, mais des habitants faisaient état dès dimanche d’au moins dix morts et de dizaines de blessés. La force de l’ONU en RDC (Monusco) a signalé « qu’au moins 9 civils avaient été tués hier », a déclaré jeudi à New York Farhan Haq, porte-parole adjoint du secrétaire général de l’ONU.
Le bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (Ocha) en RDC estimait de son côté qu’au 25 octobre, environ 34.500 personnes étaient « nouvellement déplacées dans le territoire de Rutshuru ».
Le M23 est une ancienne rébellion à dominante tutsi qui a repris les armes fin 2021 en reprochant à Kinshasa de ne pas avoir respecté des accords sur la réinsertion de ses combattants. En juin, ce mouvement rebelle avait pris le contrôle de la cité de Bunagana, à la frontière avec l’Ouganda.
Sur le front diplomatique, le porte-parole du gouvernement de RDC, Patrick Muyaya, s’est félicité jeudi de déclarations la veille à l’ONU d’un ambassadeur américain, Robert Wood, qui a évoqué le soutien du Rwanda au M23.
Lors d’une réunion sur la région des Gands Lacs, le diplomate a déclaré que les attaques attribuées aux nombreux groupes armés sévissant dans l’est de la RDC avaient « tué plus de 2.000 civils cette année ». « Les Etats-Unis exigent des groupes armés qu’ils mettent fin à leurs attaques » et, a-t-il ajouté, « nous appelons également les acteurs étatiques à cesser de soutenir ces groupes, notamment l’aide apportée par les Forces de défense rwandaises au M23 ».
« Nous saluons la position claire du gouvernement américain contre le soutien que le Rwanda apporte au M23. Les autres pays devraient (lui) emboîter le pas », a réagi Patrick Muyaya sur Twitter.
Depuis des mois, Kinshasa accuse Kigali de soutenir activement le M23, ce que le Rwanda continue de nier.
Agence France-Presse