Budgétisés à hauteur de 48 millions de dollars américains, les IXèmes Jeux de la Francophonie organisés en République Démocratique du Congo ont coûté, selon le ministre des Finances, Nicolas Kazadi, 324 millions de dollars. Ces chiffres ont suscité l’indignation de la société civile congolaise, notamment l’Observatoire de la Dépense Publique (ODEP).
Dans un communiqué publié mardi 31 octobre, l’ODEP a appelé les institutions supérieures de contrôle, dont la Cour des comptes et l’Inspection générale des finances (IGF), à assumer leur responsabilité dans le dossier de la gestion des fonds alloués aux jeux de la francophonie.
Pour l’ODEP, la gestion des Jeux de la Francophonie a prouvé « le triomphe de la légèreté et de l’incompétence dans la gestion des finances et des investissements publics ».
Le PCA de l’ODEP, Florimond Muteba, a déploré le fait qu’après la chute de Mobutu, les différents pouvoirs n’accordent plus assez d’intérêt au respect du processus de gestion des investissements publics.
« Le processus PPBS doit être réhabilité dans la gestion des investissements et projets publics de toute nature. Aujourd’hui, ce processus est mort, depuis la chute de Mobutu. Le problème est profond, au-delà de la médiocrité ambiante. L’ignorance domine, la culture de la prédation, de la corruption, des détournements, de la cupidité inonde la classe dirigeante », a insisté Florimond Muteba.
L’ODEP a également appelé les institutions supérieures de contrôle à lever l’opacité qui caractérise la gestion des Jeux de la Francophonie.
« Nous demandons aux institutions supérieures de contrôle d’assumer leur responsabilité et d’éclairer l’opinion sur cet énième scandale, ce nouveau malheur qui frappe notre pays qui souffre d’une guerre injuste à l’Est et qui a besoin de beaucoup d’argent pour libérer une grande partie de notre territoire occupée par les Rwandais », poursuit le communiqué de l’ODEP.
L’ONG rappelle aussi que dès sa nomination à la tête du Comité national des 9es Jeux de la Francophonie (CNJ), Isidore Kwandja avait déploré de malversation financière réalisée par la précédente équipe dont « les gonflements de certaines factures ». L’ODEP s’indigne qu’aucune enquête judiciaire n’ait été lancée malgré ces déclarations.
Rappelons que pour Isidore Kwandja, le budget arrêté par le CNJF et validé par le Comité de pilotage pour l’organisation des Jeux avait été fixé à 66,9 millions d’euros. Celui-ci a été approuvé comme tel par l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF).
Selon ses dires, le Ministère des Finances n’a jamais débloqué l’intégralité de ce montant. Ce qui explique, à l’en croire, que certaines créances sont jusqu’à ce jour encore en souffrance.
Comment expliquer le décaissement de 324 millions USD ? La question demeure pendante.