À la veille d’élections générales en République démocratique du Congo (RDC), le Conseil de sécurité a prorogé mardi pour un an, jusqu’au 20 décembre 2024, le mandat de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO), tout en décidant d’initier son « retrait progressif, responsable et durable » du pays et de transférer progressivement les tâches qui lui incombe au Gouvernement congolais.
En vertu de la résolution 2717 (2023), adoptée à l’unanimité de ses 15 membres, le Conseil a donc entériné un plan de retrait discuté à plusieurs reprises cette année, en décidant que la MONUSCO maintiendra, jusqu’au 30 juin 2024, un effectif maximum autorisé de 13 500 militaires, 660 observateurs militaires et officiers d’état-major, 591 policiers et 1 410 membres d’unités de police constituées. À partir du 1er juillet 2024, ces effectifs seront réduits à 11 500 militaires, 600 observateurs militaires et officiers d’état-major, 443 policiers et 1 270 membres d’unités de police constituées.
Le représentant congolais a salué un texte qui consacre la mise en œuvre du dispositif agréé par l’ONU et Kinshasa en vue du retrait de la MONUSCO, remerciant aussi le Conseil d’avoir étendu son mandat au soutien logistique dans les provinces qui ne faisaient pas partie de sa zone de déploiement, afin d’y accompagner le processus électoral. En effet, il a été décidé que l’une des priorités de la Mission reste la protection « efficace, rapide, dynamique et intégrée » des populations civiles menacées de violences physiques, en prenant « toutes les mesures nécessaires ». Le Brésil a insisté sur ce point, avant de souhaiter que la sécurité des Casques bleus soit assurée pendant cette période de transition.
En vertu de cette résolution, le Conseil exige de tous les groupes armés qu’ils mettent immédiatement fin à toutes les formes de violence et aux autres activités déstabilisatrices, à l’exploitation et au commerce illégaux des ressources naturelles. Il est exigé du M23 qu’il s’acquitte immédiatement et pleinement des engagements qu’il a pris concernant son retrait immédiat de toutes les zones occupées et son cantonnement, conformément au processus de Luanda approuvé par l’Union africaine (UA).
L’élimination de la menace posée par les groupes armés, réaffirme le Conseil, doit passer par une stratégie régionale intégrée et un engagement politique fort de la part du Gouvernement congolais, de l’Union africaine (UA), de la Communauté de l’Afrique de l’Est (CAE), de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL), et de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC). C’est dans cette optique que le Conseil prie le Secrétaire général de lui dire, avant le 30 juin 2024, en consultation avec les parties prenantes, quel appui logistique et opérationnel l’ONU pourrait prêter aux forces régionales présentes en RDC.
Au nom des A3, le groupe des pays africains qui siègent au Conseil –Gabon, Ghana et Mozambique–, le Ghana a regretté que le libellé de la résolution sur « certains points essentiels », dont l’ampleur du soutien logistique, ait été « affaibli » lors des négociations. La délégation a rappelé que, dans le cadre du retrait de la MONUSCO, les forces régionales, y compris la mission à venir de la SADC, représentent un instrument de paix dans un pays où les groupes armés continuent de sévir. Or, « limiter l’appui de la MONUSCO à ces forces n’est pas une bonne chose s’agissant du renforcement de la paix et de la sécurité en RDC », a-t-elle relevé. Soulignant la nécessité de parvenir à un règlement politique, les A3 estiment que remédier à la « crise humanitaire catastrophique » dans le pays exige une approche régionale intégrée avec la participation de toutes les parties prenantes. Enfin, le groupe africain a regretté que des violations isolées perpétrées par des éléments des forces congolaises soient perçues comme des pratiques généralisées au sein de l’armée de ce pays, qui reste attachée selon les A3 à la protection des civils.
Les États-Unis quant à eux ont salué le fait que le Conseil ait répondu positivement à la demande officielle de la RDC d’un soutien logistique pour la tenue des élections au Nord-Kivu, au Sud-Kivu, en Ituri et dans d’autres provinces. La délégation américaine a réitéré son appel à tous les acteurs politiques et à tous les segments de la société congolaise pour que soit respectée la volonté du peuple, « quel que soit le résultat des élections ».