Armée : Parcours du général John Tshibangu, officier supérieur des FARDC devenu célèbre après une dissidence en 2012.

Né en 1970 à Kananga, John Tshibangu qui est âgé aujourd’hui de 52 ans, est un natif du territoire de Dimbelenge dans le Kasaï Central.

Ses débuts au sein des forces zaïroises

En 1988, alors qu’il est âgé de 18 ans, John Tshibangu est enrôlé à l’Ecole de Formation Militaire (EFO). Par la suite il passe un concours de sélection et rejoint le Camp Kitona, dans l’actuel Kongo central, avant d’être envoyé en Israël pour une formation de Commando Anti-terroriste pendant une année.

Après sa formation d’Israël, le natif de Kananga revient au pays, au Centre d’entrainement des troupes aéroportés (CETA) pour une autre formation de para-commando et renseignements militaires. Sous-lieutenant, il est alors affecté aux Services d’Action et de Renseignements Militaires (SARM) à Kinshasa, puis intègre la Division Spéciale Présidentielle (DSP).  

Devenu lieutenant, cet officier va participer dans différents séminaires sur le commandement de bataillons et de compagnies.

Sous le régime de l’AFDL

Après la chute de Mobutu, Mzee Laurent Désiré Kabila le nomme Commandant du Régiment Kongolo I. Il part à Mwene-Ditu, Kongolo, puis Uvira. C’est là qu’il est placé comme Commandant de Bataillon, basé à Baraka.

En 1998, le Rassemblement Congolais pour la Démocratie (RCD) que venait de créer le Rwanda pour combattre le régime de LD Kabila, fait face aux troupes loyalistes dirigées par le Commandant John Tshibangu.  En manque de ravitaillement en munitions, John Tshibangu et ses compagnons d’arme finissent par se rendre à l’ennemi qui les intègre dans l’armée du RCD-Goma.

John Tshibangu refuse d’être dompté par le RDC & Alliés. Il prépare en toute discrétion une opération commando qu’il réussit : il infiltre avec un commando à bord d’un Antonov de la compagnie rwandaise CAGEL qui opérait un vol entre Goma – Kindu pour acheminer des militaires RCD & Alliés au front, et le détourne.  Il neutralise les passagers à bord et instruit l’équipage de mettre le cap sur Kinshasa, via Mbuji-Mayi. Malheureusement, l’appareil n’a pas assez de carburant. Il atterrît en catastrophe à Sala-Mabila, au Maniema.

Le commando John Tshibangu est arrêté, torturé et ramené à Goma où il est jugé et condamné à mort. Il est emprisonné au Rwanda, mais parvint à s’évader six mois plus tard. Il rentre à Goma et est de nouveau arrêté. Cette fois, il est déféré devant un tribunal siégeant en audience publique dans la salle de la Banque de Développement des Pays de Grands-Lacs (BDGL). Il est encore condamné à mort, et en attendant la sentence, il est incarcéré à la Prison centrale de Munzenze. John Tshibangu parvient une fois de plus par s’évader pour rallier l’aile dissidente (RCD K-ML) d’Antipas Mbusa Nyamwisi.

Après Sun-city, le brassage des forces armées

A la suite des accords de Sun City de 2003 qui consacrent la réunification du pays, John Tshibangu réintègre l’armée nationale suite au brassage des différentes forces, et sera nommé Commandant de la Brigade de Beni. Il prend part à Kisangani en 2005 au processus de brassage et de formation de nouvelles brigades pour la mise sur pied de la nouvelle armée nationale et devient par la suite Commandant de la 14e Brigade intégrée basée à Shabunda. En 2011, il est nommé chef d’état-major de la 4ème région militaire basée à Kananga et dirigée par le général Obedi Rwabasira.

Dissidence en 2012

En août 2012, Tshibangu entre en dissidence. Officiellement, le colonel s’oppose à la « rwandalisation » du camp Bobozo qui venait de recevoir plus de mille militaires d’appartenance tutsi. Il se soustrait avec quelques militaires fidèles et crée l’APCCD (Armée du peuple congolais pour le changement et la démocratie) qui va muer ses revendications militaires en celles électorales, à un moment où l’opinion tant nationale qu’internationale dénonçait un “hold-up électoral”.

« J’ai fait défection et avec un bon nombre de nos militaires. Je vous informe que nous sommes le mouvement pour la revendication de la vérité des urnes. Quand nous luttons contre toute forme de balkanisation de notre très beau pays, le Congo, c’est-à-dire que nous sommes contre tous ceux-là qui cherchent à amener notre pays à une balkanisation. La population congolaise demande le changement. Le 28 novembre dernier, Etienne Tshisekedi wa Mulumba a été élu président de la République. Notre objectif est de l’installer à la tête de l’Etat », avait-il dit aux médias.

Il est aussitôt traqué durant plusieurs semaines par 300 éléments des « forces spéciales » des FARDC. Sur le plan judiciaire, les accusations ne tardent pas à tomber: « atteinte à la sûreté de l’Etat »« intelligence avec les agresseurs rwandais » du M23. Arrêté en Tanzanie, John Tshibangu est poursuivi pour plusieurs chefs d’accusions dont la rébellion.

Arrêté, puis libéré et réhabilité

En 2018, il est repéré en Tanzanie, arrêté puis extradé le 5 février 2018 à Kinshasa après six ans de cavale. Détenu à l’ex-DEMIAP puis transféré à la prison militaire de Ndolo, il va bénéficier d’une liberté provisoire en 2020, avant d’être totalement libre. Ce 17 octobre 2022, John TSHIBANGU est promu au grade de général de brigade, puis nommé Commandant de la 21ième Région militaire.

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